Une vie sous le regard de Dieu
Laurent de Gaulle
Éditions du Toucan, 208 pages
Une réflexion intéressante du petit neveu du Général sur l’action de cet homme d’État guidée par sa foi catholique
La période des élections présidentielles est de circonstance pour réfléchir sur l’action politique entendue non au sens des combines politiques et des jeux de partis, mais au sens de conduite des affaires d’un pays et de sa destinée.
Voici ce qu’en dit le résumé du dos du livre de Laurent de Gaulle : « La dimension chrétienne est non seulement au centre de la vie privée de Charles de Gaulle, mais aussi dans l’accomplissement de son destin, si étroitement mêlé à celui de la France.
Laurent de Gaulle n’était qu’un enfant à la mort de son grand-oncle. De ce manque sont nées une quête et une conviction profonde : sans une relation singulière avec Dieu, Charles de Gaulle n’aurait pas été le grand homme que nous connaissons.
Des indices de cet enracinement chrétien sont présents dès l’enfance du petit Charles. Dans son comportement de soldat, de résistant, d’homme d’État, l’empreinte chrétienne apparaît comme une évidence.
La redécouverte de cette dimension permet de mieux saisir le sens de son engagement presque sacerdotal au service de la France. De Gaulle est un soldat de Dieu qui combat au nom du Bien contre le mal. La démonstration de l’auteur emporte la conviction. Elle impose une vision nouvelle du personnage du général et de son action. »
Je retiendrai pour ma part cette tension perpétuelle chez le Général pour arriver à ajuster au mieux son action personnelle et politique avec sa foi catholique, quand bien-même, comme tout homme et surtout les grands hommes d’État au caractère bien trempé, il a commis des erreurs ou a pu se laisser séduire pas des postures démagogiques. Mais qui d’entre nous n’en commet pas dans sa vie privé et professionnelle tandis que les enjeux sont bien moindres que ceux de la direction d’un pays, et alors qu’il est pourtant persuadé de bien faire ou est même aveuglé par ses propres jugements ?
Chez le Général, il y a cette conscience que le pouvoir qu’il détient en vertu de son élection au suffrage universel, vient bien, et pour autant sans aucune contradiction, de Dieu à qu’il devra lui-même en rendre compte. Il appartient à cette lignée des rois de France qui avaient parfaitement conscience du caractère quasi sacré de leurs responsabilités et d’être des lieutenants du Christ pour les affaires temporelles du pays.
Qu’en est-il aujourd’hui des postulants à la candidature suprême qui, depuis de nombreuses années, soit se vantent de n’avoir aucune transcendance dans leur action politique, soit semblent l’avoir plus ou moins oubliée alors qu’elle est indispensable pour être un homme d’État digne de ce nom ?
La lecture de ce livre montre que les grands idéaux chrétiens, la noblesse d’attitude, la rectitude et la droiture d’intention sont loin d’être incompatibles avec la direction d’un pays et la dure réalité de l’exercice du pouvoir politique, bien au contraire, ce qui n’empêche d’ailleurs pas de réfléchir et de calculer pour mener à bien l’action politique. « Soyez donc prudents comme les serpents, et candides comme les colombes.» (Matthieu 10, 16)
On retiendra aussi le juste amour de la patrie[1], de la culture française et de ses traditions, qui ont été inculqués par ses parents au petit Charles et qui ont permis de faire de lui ce qu’il a été, c’est-à-dire un grand homme d’État respecté par tous les grands dirigeants de son époque et que certains venaient consulter pour être conseillés. Ce livre fait du bien moralement, politiquement et… spirituellement.
• Vincent Terrenoir
Février 2017
[1] Cet amour de la patrie n’a pas empêché notamment de Gaulle de favoriser la réconciliation avec l’Allemagne pour permettre ensuite la construction d’une Europe de coopération.