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Pour l’Unité

du monde par l’Église catholique

« Rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52)
▪︎ Publié il y a 5 ans ▪︎

Le lien d’unité du pape et des évêques avec le Christ, unique Tête du corps mystique, l’Église

Le Christ, tête du corps mystique, dirige visiblement son Église par l’intermédiaire du pape et des évêques unis au pape

Qu’on ne pense pas pourtant que sa direction [du Christ] se limite à un mode invisible (59) ou extraordinaire ; bien au contraire, le divin Rédempteur gouverne son Corps mystique visiblement et ordinairement par son Vicaire sur la terre. Vous savez, en effet, Vénérables Frères, que le Christ Notre-Seigneur, qui durant sa vie mortelle avait dirigé lui-même visiblement son petit troupeau (60), au moment de quitter ce monde pour retourner à son Père, confia au Prince des Apôtres le gouvernement visible de toute la société fondée par lui. Lui, si sage, ne pouvait nullement laisser sans tête le corps social de l’Église qu’il avait constitué. 

Et l’on ne peut soutenir, pour nier cette vérité, que par un primat de juridiction établi dans l’Église, ce Corps mystique serait pourvu d’une double tête. Car Pierre, par la vertu du primat, n’est que le Vicaire du Christ, et il n’y a par conséquent qu’une seule Tête principale de ce Corps, à savoir le Christ ; c’est lui qui sans cesser de gouverner mystérieusement l’Église par lui-même, la dirige pourtant visiblement par celui qui tient sa place sur terre, car depuis sa glorieuse Ascension dans le ciel, elle ne repose plus seulement sur lui, mais aussi sur Pierre comme sur un fondement visible pour tous. Que le Christ et son Vicaire ne forment ensemble qu’une seule Tête, Notre immortel Prédécesseur, Boniface VIII, l’a officiellement enseigné dans sa Lettre apostolique Unam sanctam (61) et ses successeurs n’ont jamais cessé de le répéter après lui. Ceux-là se trompent donc dangereusement qui croient pouvoir s’attacher au Christ Tête de l’Église sans adhérer fidèlement à son Vicaire sur la terre. Car en supprimant ce Chef visible et en brisant les liens lumineux de l’unité, ils obscurcissent et déforment le Corps mystique du Rédempteur au point qu’il ne puisse plus être reconnu ni trouvé par les hommes en quête du port du salut éternel. 

Ce que Nous venons de dire de l’Église universelle doit être également affirmé des communautés particulières de chrétiens, tant orientales que latines, qui forment ensemble une seule Église catholique : c’est Jésus-Christ qui les gouverne par la voix et la juridiction de chaque évêque. C’est pourquoi les évêques ne doivent pas seulement être considérés comme les membres les plus éminents de l’Église universelle, ceux qui sont reliés à la Tête divine de tout le Corps par un lien tout particulier et par suite sont justement appelés  » les premiers des membres du Seigneur  » (62) ; mais en ce qui concerne son propre diocèse, chacun, en vrai Pasteur, fait paître et gouverne au nom du Christ le troupeau qui lui est assigné (63). Pourtant, dans leur gouvernement, ils ne sont pas pleinement indépendants, mais ils sont soumis à l’autorité légitime du Pontife de Rome, et s’ils jouissent du pouvoir ordinaire de juridiction, ce pouvoir leur est immédiatement communiqué par le Souverain Pontife. Aussi doivent-ils être honorés par le peuple comme les successeurs des Apôtres par institution divine (64) ; et aux évêques, sacrés par le chrême du Saint-Esprit, s’appliquent mieux qu’aux dirigeants de ce monde, même les plus haut placés, les paroles du Psaume : Ne touchez pas à mes oints (65).

Aussi sommes-Nous rempli d’une immense tristesse quand on Nous annonce qu’un bon nombre de Nos Frères dans l’Épiscopat, pour s’être faits les modèles du troupeau (66) et avoir gardé énergiquement, comme il convient, et fidèlement le saint dépôt de la foi (67) à eux confié, pour avoir réclamé le respect des saintes lois inscrites par Dieu dans le cœur des hommes et avoir défendu, à l’exemple du Pasteur suprême, leur troupeau contre des loups ravisseurs, ont à souffrir des attaques et des vexations exercées non seulement contre eux, mais – ce qui leur est plus cruel et plus pénible – exercées contre les brebis confiée à leur soin, contre les associés de leur apostolat et même contre des vierges consacrées à Dieu.

Cette injure, Nous la regardons comme infligée à Nous-même ; et Nous reprenons ce noble langage de Notre immortel Prédécesseur, saint Grégoire le Grand: Notre honneur, c’est l’honneur de l’Église universelle ; Notre honneur, c’est la force intacte de Nos Frères ; Nous sommes vraiment honoré quand on ne refuse à aucun d’eux l’honneur qui lui est dû (68).

Mystici corporis Christi

Lettre encyclique
de sa Sainteté le Pape Pie XII 
sur le corps mystique de Jésus-Christ
et sur notre union en lui avec le Christ

29 juin 1943

http://w2.vatican.va/content/pius-xii/fr/encyclicals/documents/hf_p-xii_enc_29061943_mystici-corporis-christi.html

 

(59) Cf. Léon XIII, Lettre encyclique Satis cognitum du 29 juin 1896. ASS XXVIII (1895-1896) 725. Cf. SVS n. 630. 

(60) Saint Luc XII, 32.

(61) Boniface VIII, Bulle Unam sanctam du 18 novembre 1302. Cf. Corp. Iur. Can., Extr. comm., I, 8, 1. Denzinger n. 468.

(62) Saint Grégoire le Grand, XIV, 35, 43. PL 75, 1062.

(63) Cf. Concile du Vatican : Constitutio de Ecclesiae., sess. IV, ch. 3. Denzinger n. 1828. 

(64) Cf. Code de Droit Canon, c. 329, 1. 

(65) I Paral. XVI, 22 ; Ps. CIV, 15.

(66) Cf. Saint Pierre, I Épître, V, 3. 

(67) I Timothée. VI, 20.

(68) Cf. Saint Grégoire le Grand, Ep. ad Eulog., 30. PL 77, 933.