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Pour l’Unité

du monde par l’Église catholique

« Rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52)
▪︎ Publié il y a 10 ans ▪︎

Le Carême et les tentations

Le Carême est le temps liturgique privilégié pour méditer sur notre capacité à résister aux multiples tentations et ainsi chercher à être toujours plus fidèle à Dieu. Il importe de bien comprendre que la tentation est la principale arme du Démon pour nous détourner de l’amour de Dieu, mais une lecture attentive des trois tentations du Christ au désert permet de déjouer les différents pièges. Si on approfondit les textes évangéliques, on s’aperçoit que ces trois tentations sont un résumé de l’ensemble des tentations humaines et que notre Seigneur Jésus-Christ nous apprend à les combattre efficacement. Certes il faut la foi, l’espérance, la charité et beaucoup d’humilité sans oublier la prudence, la force, et l’ensemble des vertus chrétiennes, mais pour mieux résister aux tentations, il faut aussi prendre le temps de méditer sur le pourquoi de ces tentations et comment les déjouer.

La première tentation, celle de transformer des pierres en pain, renvoie à l’utilisation de la création en vue de notre fin spirituelle, la vie éternelle. Dans la vie, il n’y a pas que le pain, l’argent et les plaisirs charnels, mais aussi l’union intime avec Dieu qui nécessite de respecter les dix commandements en vue de la vie éternelle. Ici, Jésus ne condamne pas le pain mais nous rappelle qu’il est fondamental de faire un bon usage du pain en le subordonnant à la Parole de Dieu. De fait, est-ce que mon pain, mes biens, les plaisirs de ce monde me rapprochent de Dieu et du prochain ou, au contraire, m’enferme sur moi-même ? Est-ce que j’en fais un bon usage sans excès, est-ce que je sais partager, est-ce que je sais reconnaître que le pain vient de Dieu ou, au contraire, est-ce que je pense que tout est un dû et que je m’octroie le droit d’en user et d’en abuser à ma guise en ne recherchant que mon propre intérêt ?

La deuxième tentation, celle de tenter Dieu, est une manifestation subtile de l’orgueil. Si tu es le Fils de Dieu alors montre le ! Combien de fois entendons-nous, je croirais si…, ou encore, à quoi sert de vivre de telle façon puisque Dieu semble lointain et que l’injustice règne en ce monde ? Nous nous faisons ainsi le centre du monde et de l’univers. Au lieu de regarder en face nos propres responsabilités dans ce qui nous arrive au quotidien et d’agir selon nos capacités en proportion des talents reçus, nous voulons que Dieu agisse à notre place, qu’il répare constamment nos erreurs et ainsi qu’il prouve inlassablement qu’il existe et qu’il nous aime. Nous faisons n’importe quoi en croyant que Dieu va nous protéger. En revanche, nous sommes certains de ne jamais tenter Dieu lorsque l’on cherche d’abord le Royaume de Dieu car nous savons que le reste nous sera donné de surcroît. Nous sommes certains de ne jamais tenter Dieu quand nous cherchons à faire au mieux à chaque instant et à l’aimer en le servant dans notre prochain.

La dernière tentation, l’adoration de Satan, est celle du pouvoir. Là, Notre-Seigneur ne discute pas, il dit : Arrière Satan ! En effet, dès que nous mettons le petit doigt dans l’engrenage du pouvoir, de la domination et du jugement du prochain parce qu’on se croit généralement supérieur aux autres, il faut bien prendre conscience que nous sommes déjà dans le péché. Le Fils de Dieu ne s’est pas incarné pour se servir et asservir les autres, mais pour servir, laver nos pieds, se faire notre pain et nous racheter par sa propre mort sur la Croix. De fait, dès que nous sortons de la logique du Christ, il faut immédiatement dire, Arrière Satan !, car nous sommes alors à l’opposé de notre vocation d’image et de ressemblance de Dieu. Je vous invite à reprendre toutes vos actions quotidiennes et à vous poser cette question : suis-je dans la logique du Christ serviteur des hommes par amour pour Dieu ou pas ?

 

• Père Marc-Antoine Fontelle

Mars 2015