La P’tite revue n°9 (octobre 2014)
Le mot du président : « La joie de notre cœur vient de Lui (Dieu) » (Ps 32)
Chers amis, une chose m’a particulièrement marqué lors de notre pélé nocturne du 21 juin, c’est l’expression d’une joie simple et spontanée de la part de ceux qui ont participé à ce temps de prière et de chants sur le parvis de l’église Saint-Sulpice en première partie de nuit.
Notre public habituel, composé d’adultes, a exprimé sa joie par les chants, certains d’entre nous l’ont même fait par quelques pas de danse. Les badauds, en cette fête de la musique qui coïncidait avec la solennité du Saint-Sacrement, s’arrêtant pour écouter ou prier un instant, ont été surpris de voir ces adultes chanter de tout cœur et prier le chapelet sans complexe, parce que ces derniers étaient tout simplement heureux de manifester joyeusement leur foi en Dieu… et en l’Église (l’une n’allant pas sans l’autre), suivant ainsi l’invitation du psalmiste : « Criez de joie pour le Seigneur » (Ps 32), « Acclamez-le Seigneur, terre entière […], venez à lui avec des chants de joie ! » (Ps 99) tant il est vrai que Dieu mérite cette louange avec tout ce qu’il fait quotidiennement pour nous.
Cette spontanéité sur le parvis de Saint-Sulpice est bien l’expression de la joie qui vient nécessairement d’un cœur qui vit de Dieu (ps 32, v 21), car il jubile de sa savoir aimé de Lui et de partager une proximité de cœur à cœur. Et cette joie, qui habite tout naturellement notre être, n’est autre qu’un des sept fruits de l’Esprit Saint (Ga 5, verset 22) que l’on retrouvera d’ailleurs dans le Royaume de Dieu puisque : « le Royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint. » (Ro 14, 17).
La joie de Dieu pour tous les âges
Il serait faux de croire que cette joie est le monopole de la jeunesse. Une fois adulte, la tristesse des visages et des cœurs, en raison des soucis quotidiens, devrait-elle obligatoirement être la manifestation de notre état intérieur ? Je constate que bien des jeunes présentent des visages déjà blasés par une vie comblée de biens matériels, mais où le sens religieux et l’espérance sont malheureusement absents, tant on ne leur a appris à s’intéresser qu’à leur épanouissement individuel et à rechercher des plaisir artificiels pour échapper au quotidien, aux problèmes qui ne manquent pas de se présenter et à la pression d’une société par trop matérialiste et individualiste. Les joies futiles qu’ils recherchent pour vivre des expériences « déchirantes » les rendent parfois vieux d’esprit avant l’âge.
Je pense au contraire que la joie du cœur, celle qui nous vient de Dieu, et qui, de fait, couve en permanence sous ce feu de l’Esprit, ne peut être éteinte quel que soit notre âge, même quand le vent et les tempêtes des épreuves peuvent un temps nous assaillir. D’ailleurs, n’est-ce pas ce que nous dit l’apôtre Paul : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. » (Ph 4, 4).
Les nuits de prière et la nouvelle évangélisation
Ces nuits participent ainsi à raviver cette joie, fruit de l’Esprit, que l’Abbé André Richard, co-fondateur de notre mouvement, avait déjà relevée dès les premières nuits de prière : « Car ce qui peut paraître impossible est non seulement réalisable, mais finalement assez facile. La patience et l’insistance recommandées portent leurs fruits : lumière, force, joie, unité, espérance ».
Ces pélés nocturnes ne sont donc pas qu’une pieuse façon de prier, mais participent modestement à la nouvelle évangélisation dans le cadre de la piété populaire qui, Dieu soit loué, reprend d’années en années toute sa place dans l’expression de la foi au sein de l’Église catholique.
Merci à nos évêques !
C’est bien pour cela que nous invitons autant d’évêques à venir présider nos pélés nocturnes. Le lien évêques-fidèles, dans le cadre de cette piété populaire, est source de grâces tant pour les fidèles qui ont besoin de voir et d’entendre les successeurs des apôtres, que pour ces derniers qui ont besoin du contact simple, spontané et direct avec le peuple de Dieu qu’ils ont la lourde charge de conduire. Portons-les dans notre prière.
Je me réjouis vraiment que « Pour l’unité » apporte ainsi sa pierre à l’édifice. Puisse Dieu continuer d’accorder longue vie à ces pélés nocturnes. N’oublions pas que de goûter à la joie de Dieu est la récompense qui est promise au serviteur bon et fidèle, c’est-à-dire, nous l’espérons, à chacun de nous (v. Mt 25, 23). Ce n’est pas rien tout de même !
Vincent Terrenoir