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Pour l’Unité

du monde par l’Église catholique

« Rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11, 52)
▪︎ Publié il y a 9 ans ▪︎

Il était une fois une maison… Du mythe de la fin des nations

Il était une fois une famille (papa, maman et les 2 enfants) qui habitait une maison de 5 pièces bien distinctes. Au rez-de chaussée, l’entrée, le salon, la salle à manger, la cuisine, les toilettes. À l’étage, 3 chambres, la salle de bain, les toilettes. Un garage attenant à la maison permettait d’abriter la voiture. Bien naturellement, la famille qui occupait ce pavillon respectait l’usage de chaque pièce. Il ne serait venu à l’idée de personne de faire la cuisine dans la salle de bain, de dormir dans les toilettes, de se laver dans la salle à manger, de faire salon dans la chambre des parents, de faire de la chambre des enfants celle des parents et inversement ou encore de faire de l’une ou l’autre chambre ou du garage un « cabinet d’aisances » (comme on disait autrefois). Il ne serait pas non plus venu à l’esprit de quiconque, selon une envie soudaine de nouveauté désordonnée, de décloisonner toutes les pièces pour faire un vaste « open space » ouvert à tout vent sur deux étages, offrant à la vue de toute cette famille et de leurs invités des situations qui doivent rester dans l’intimité de la vie familiale ou personnelle.

La maison, c’est notre nation, notre pays, qu’on peut appeler notre « famille nationale ». Et la nation est une entité voulue par Dieu[1] qui doit donc être ordonnée pour notre bien comme tout ce que fait Dieu. Chaque nation exprime ainsi la multitude des diversités de l’unique famille humaine que l’Église se plaît à appeler le « genre humain ». Il est demandé à toutes les nations de se respecter et d’œuvrer dans le respect des unes des autres car tant l’homme sur un plan individuel, que les nations sur un plan international, ont besoin des uns des autres. Aucun individu, aucune nation ne possède la plénitude de tous les biens, de toutes les richesses naturelles et de toutes les connaissances car Dieu, dans sa sagesse, a voulu que nous soyons tous dépendants les uns des autres pour nous apprendre la charité (la solidarité si vous préférez un langage profane). Aux plus forts de soutenir les plus faibles. Aux plus intelligents de mettre leurs talents non pour leur satisfaction égoïste et leur orgueil mais bien pour le service de ceux qui n’ont pas ces capacités, et ainsi de suite dans tous les domaines[2]. On évoque aussi les diverses caractéristiques des nations : à la France sa propension naturelle à l’universalisme, aux Anglais leur pragmatisme, etc.

La nation est donc éminemment respectable et digne d’être défendue sans pour autant en faire un absolu. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle si l’Église catholique loue l’action politique (dans le sens de : « organiser la vie de la cité »), et respecte ainsi le pouvoir temporel des autorités politiques des pays et des nations[3]. Elle rappelle toutefois que ce pouvoir a des limites[4].

Des utopies politiques prétendent que parce qu’il existe des nations, il existe des guerres et elles avancent résolument dans l’idée de supprimer les nations. Comment ne pas comprendre en ce sens l’Union européenne qui vise à l’instauration progressive d’une Europe des régions ? C’est aussi de la sorte qu’on peut interpréter la perte de la souveraineté des nations au profit d’une super structure européenne créant une perte d’identité des nations qui font pourtant la grandeur de l’Europe. Ce raisonnement pacifiste de nos utopistes est loin d’être juste car les nations n’existent qu’en fonction des hommes qui les composent. Or, c’est du cœur de l’homme que sortent toutes les déviations (cf. Matthieu 15, 19), lui qui a déjà du mal à s’entendre avec son prochain pour des intérêts bien moins importants que ceux qui existent dans les enjeux mondiaux. Il ne peut s’empêcher de faire la guerre à son prochain… et même parfois à lui-même !

Dieu étant maître de l’histoire, pour l’heure, l’histoire de l’humanité suppose que les nations existent jusqu’à la fin des temps. Quelle est donc cette utopie qui veut nous faire croire que les nations sont un obstacle à la paix ? Et tandis que la fierté nationale ne s’exprime dans de nombreux pays occidentaux, et surtout en France, qu’à travers les joutes sportives , cela voudrait-il dire qu’il faut supprimer les jeux olympiques, les mondiaux d’athlétisme ou de telles autres disciplines sportives, la prochaine coupe d’Europe de football qui se déroulera chez nous, parce que ces représentations nationales sont génératrices de haines et de guerres et nuisent à l’harmonie fondue ? Puisque nous nous enrichissons de nos différences, considérons à juste titre que nous nous enrichissons de l’existence des différentes nations, comme une maison s’enrichit d’avoir des pièces de différents usages décorées et aménagées en fonction de ces mêmes usages, permettant ainsi à chacun de savoir où il se trouve et ce qu’il peut faire dans telle ou telle pièce. Un citoyen Polonais n’est pas un citoyen Belge qui n’est pas non plus un citoyen Espagnol, qui n’est pas, etc. Et pourtant tous sont dignes de respects et d’admiration. À ce titre, pourquoi ne pas supprimer aussi toutes les différences des marques nationales de fabrication d’objets (voitures, avions, etc.) qui ne font qu’exacerber la guerre économique ?

Nous ne savons ni le jour, ni l’heure de l’avènement cosmique qui produira une terre nouvelle et des cieux nouveaux (cf. Apocalypse 21, 1). Quoiqu’il en soit, et pour terminer encore sur une note évangélique, je retiendrai cette phrase de Jésus qui affirme : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures » (Jean 14, 2). Nous dirons que cette nouvelle image démontre que nous ne vivrons pas dans un néant indéfinissable au Ciel mais bien avec une identité différenciée. Nous pouvons donc en déduire à juste titre que sur cette bonne vieille terre, toutes les tentatives visant à supprimer les nations ne sont que de bien tristes utopies négatrices de l’homme. C’est tout le contraire du christianisme qui est toujours plein de réalisme puisqu’il profondément inscrit en l’homme.

Vincent Terrenoir

 

[1] Dieu parlant à Abraham lui dit : « Moi, voici l’alliance que je fais avec toi : tu deviendras le père d’une multitude de nations. » (Genèse 17, 4). D’où son nom changé par Dieu de « Abram » en « Abraham » : « Tu ne seras plus appelé du nom d’Abram, ton nom sera Abraham, car je fais de toi le père d’une multitude de nations. » (Genèse 17, 5).

[2] Voir Catéchisme de l’Église Catholique, n°1937, rappelant l’enseignement lumineux de Dieu à sainte Catherine de Sienne à cet égard dans le Dialogue : Dieu a voulu que nous ayons tous besoin des uns des autres.

[3] Voir CEC, n° 1915. On peut citer encore Pie XI : « La politique est le domaine de la plus vaste charité ».

[4] Voir CEC, n° 2237 et 2242. Si des nations se sont fourvoyées dans des totalitarismes sanglants (fascisme, communisme, marxisme, nazisme) aujourd’hui, un autre totalitarisme non sanglant mais particulièrement destructeur de la personne humaine car il avilit tout en douceur moralement et intellectuellement la liberté de pensée et d’agir, consiste à ne rechercher que des satisfactions individualistes et hédonistes. Nul besoin d’être initié pour succomber à son charme alors que les totalitarismes précédents demandaient un outil de propagande particulièrement important pour endoctriner tout un chacun.