Fanatisme et folie meurtrière. Et Dieu dans tout cela ?
D’aucuns avancent que les religions mèneraient plus ou moins au fondamentalisme, au fanatisme, à l’exclusion, au sectarisme, à des exactions allant jusqu’aux meurtres, et même jusqu’aux massacres organisés. Seuls les esprits dits modernes, libérés de cet esclavage de la religion, seraient à-même de rendre l’homme heureux sur terre. Est-ce pour faire avancer la cause de la sécularisation de la société en Occident au point de supprimer de l’espace public toute influence religieuse et la cantonner dans la sphère privée ?
Il est vrai que de terribles et dramatiques événements vont en ce sens au 21e siècle, surtout en ce début d’année 2015. Mais soyons sérieux, les religieux exaltés de la gâchette et de la ceinture explosive seraient-ils les seuls bourreaux à tuer en masse ?
En effet, un œil attentif sur l’Histoire permet de constater que cette folie meurtrière est loin de n’avoir qu’une origine religieuse, même si parfois le motif religieux est utilisé comme alibi. Sans remonter à des temps immémoriaux, nous partirons de 1789 puisque, pour certains, ce fût l’année où la nation française s’est en quelque sorte auto-engendrée en se libérant du joug de l’obscurantisme religieux. Il est impensable de dire que les folies meurtrières suivantes sont le fait de gens religieux : la Terreur révolutionnaire française, les massacres de vendéens, la volonté de domination démesurée en Europe de Napoléon Bonaparte, le massacre des Héréros par l’armée allemande en Namibie, la première Guerre Mondiale, les génocides arménien et assyrien, la tragédie des Grecs Pontiques, la Révolution bolchévique en Russie et son totalitarisme athée, le massacre de Nankin par l’armée impériale japonaise, la seconde Guerre Mondiale, Holodomor (famine organisée par les russes contre les ukrainiens), le 3e Reich avec son totalitarisme athée, le génocide juif, les millions de morts provoqués par les persécutions des divers régimes communistes athées, Septembre noir, les meurtres de Pinochet, le massacre de la place Tian’anmen, le génocide des tutsis, la guerre civile au Darfour, etc.
Et aujourd’hui, biens de nos frères chrétiens en Afrique et au Proche-Orient sont les victimes et non les bourreaux de cette folie meurtrière qu’elle soit religieuse ou non. Que notre prière trouve grâce devant Dieu pour obtenir la fin de ces massacres non seulement contre les chrétiens mais aussi contre tous les hommes qui souffrent de toute sorte de fanatisme et de folie meurtrière. Lorsque l’homme ne vit pas en Dieu ou lorsqu’il en a une mauvaise compréhension, surviennent alors les erreurs et les comportements déviants. C’est bien ce que rappelle le pape François dans son message de Pâques d’une grande profondeur. Le voici dans son intégralité. Il est bon de prendre le temps de le méditer en ce temps pascal.
Mahrien
Avril 2015
« Chers frères et sœurs, Jésus Christ est ressuscité !
L’amour a vaincu la haine, la vie a vaincu la mort, la lumière a chassé les ténèbres !
Jésus-Christ, par amour pour nous, s’est dépouillé de sa gloire divine ; il s’est vidé de lui-même, il a assumé la forme de serviteur et s’est humilié jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Pour cela Dieu l’a exalté et l’a fait Seigneur de l’univers. Jésus est Seigneur !
Par sa mort et sa résurrection Jésus, indique à tous le chemin de la vie et du bonheur : ce chemin est l’humilité, qui comporte l’humiliation. C’est la route qui conduit à la gloire. Seul celui qui s’humilie peut aller vers les “choses d’en-haut”, vers Dieu (cf. Col 3, 1-4). L’orgueilleux regarde “de haut en bas”, l’humble regarde “de bas en haut”.
Au matin de Pâques, avertis par les femmes, Pierre et Jean coururent au tombeau et le trouvèrent ouvert et vide. Alors, ils s’approchèrent et s’“inclinèrent” pour entrer dans le tombeau. Pour entrer dans le mystère, il faut “s’incliner”, s’abaisser. Seul celui qui s’abaisse comprend la glorification de Jésus et peut le suivre sur sa route.
Le monde propose de s’imposer à n’importe quel coût, d’entrer en compétition, de se faire valoir… Mais les chrétiens, par la grâce du Christ mort et ressuscité, sont les germes d’une autre humanité, dans laquelle nous cherchons à vivre au service les uns des autres, à ne pas être arrogants mais disponibles et respectueux.
Cela n’est pas faiblesse, mais force véritable ! Celui qui porte en soi la force de Dieu, son amour et sa justice, n’a pas besoin d’user de violence, mais il parle et agit avec la force de la vérité, de la beauté et de l’amour.
Implorons du Seigneur ressuscité, la grâce de ne pas céder à l’orgueil qui alimente la violence et les guerres, mais d’avoir l’humble courage du pardon et de la paix. À Jésus victorieux demandons d’alléger les souffrances de tant de nos frères persécutés à cause de son nom, comme aussi de tous ceux qui pâtissent injustement des conséquences des conflits et des violences actuelles.
Demandons la paix, surtout pour la Syrie et l’Irak, pour que cesse le fracas des armes et que se rétablisse la bonne cohabitation entre les différents groupes qui composent ces pays bien-aimés. Que la communauté internationale ne reste pas inerte face à l’immense tragédie humanitaire dans ces pays, et au drame des nombreux réfugiés.
Implorons la paix pour tous les habitants de la Terre Sainte. Que puisse croître entre Israéliens et Palestiniens la culture de la rencontre, et reprendre le processus de paix pour mettre ainsi fin à des années de souffrances et de divisions.
Demandons la paix pour la Libye, afin que s’arrête l’absurde effusion de sang en cours, et toute violence barbare, et que tous ceux qui ont à cœur le destin du pays, mettent tout en œuvre pour favoriser la réconciliation et pour édifier une société fraternelle qui respecte la dignité de la personne. Au Yemen également, nous espérons que prévale une volonté commune de pacification, pour le bien de toute la population.
En même temps, avec espérance, confions au Seigneur miséricordieux l’entente obtenue à Lausanne ces jours derniers, afin qu’elle soit un pas définitif vers un monde plus sûr et fraternel.
Implorons du Seigneur ressuscité le don de la paix pour le Nigeria, pour le Sud-Soudan et pour différentes régions du Soudan et de la République Démocratique du Congo. Qu’une prière incessante monte de tous les hommes de bonne volonté pour ceux qui ont perdu la vie – je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi dernier à l’Université de Garissa, au Kenya –, pour tous ceux qui ont été enlevés, pour qui a dû abandonner sa maison et ses affections proches.
Que la Résurrection du Seigneur apporte de la lumière à l’Ukraine bien-aimée, surtout à tous ceux qui ont subi les violences du conflit des derniers mois. Que le pays puisse retrouver paix et espérance grâce à l’engagement de toutes les parties intéressées.
Demandons la paix pour tant d’hommes et de femmes qui sont soumis à de nouvelles et anciennes formes d’esclavage de la part de personnes et d’organisations criminelles. Paix et liberté pour les victimes des trafiquants de drogue, souvent liés aux pouvoirs qui devraient défendre la paix et l’harmonie dans la famille humaine. Et demandons la paix pour ce monde soumis aux trafiquants d’armes.
Aux personnes marginalisées, aux prisonniers, aux pauvres et aux migrants qui sont si souvent rejetés, maltraités et mis au rebut ; aux malade et aux personnes qui souffrent ; aux enfants, spécialement à ceux qui subissent violence ; à tous ceux qui aujourd’hui sont dans le deuil ; qu’arrive à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté la voix consolante du Seigneur Jésus : « Paix à vous ! » (Lc 24, 36) « Ne craignez pas, je suis ressuscité et je serai toujours avec vous ! » (cf. Missel romain, antienne d’entrée du jour de Pâques). »
Pape François